samedi 18 mars 2017

Le classique du mois #3 Un lieu à soi, de Virginia Woolf



Écrit en 1928, A Room of one's own, d'abord traduit Une chambre à soi par Clara Malraux, est une série de conférences données par Virginia Woolf à l'Université de Cambridge.


Sorti en janvier 2016, l'édition que nous vous proposons ce mois-ci est une nouvelle traduction de Marie Darrieussecq, autrice française. (Eh oui ce terme d'autrice peut vous choquer mais il est malgré tout aujourd'hui revendiqué par de nombreuses écrivaines et était en vigueur au XVIe siècle !). En effet, Marie Darrieussecq s'est penchée sur ce texte et a tenté de le moderniser et de lui apporter plus de justesse. Cela commence par le titre: a room ne veut pas dire une chambre en français, mais bien une pièce. Dans son introduction, l'autrice explique que "pièce à soi" aurait été malheureux en français, tout comme "un endroit à soi". Elle a donc finalement opté pour "lieu", qui met en valeur l'idée originelle de Virginia Woolf: une femme a besoin d'un lieu bien à elle pour écrire. Car ce lieu peut prendre la forme qu'il veut: un bureau, un studio, un atelier d'écriture en ville... Mais pas une chambre qui a déjà sa fonction de pièce et qui réduit l'importance de l'activité d'écrire. 

C'est autour de cette idée principale que l'essai se construit, plus le fait qu'une autrice a besoin d'argent pour être libre de pratiquer son activité. 
Virginia Woolf l'explique avec humour dans son essai que l'on peut même qualifier de pamphlétaire. Celui-ci est composé de six chapitres dans lesquels nous suivons le fil de la pensée de l'autrice. Elle commence à nous dire (car ce texte est très oral, du fait qu'il s'agisse de conférences) qu'on lui a demandé de parler des Femmes et de la fiction, et que ce thème l'a amenée à se poser une multitude de questions: pourquoi les hommes boivent-ils du vin à table et les femmes de l'eau ? Pourquoi les auteurs sont-ils si fascinés par les femmes quand les autrices ne parlent presque jamais d'hommes dans leurs textes ? Et ainsi de suite jusqu'à une réflexion très poussée sur la condition des femmes.


Pourquoi le(re)lire ? Un lieu à soi est considéré comme un des essais majeurs du féminisme. Outre le fait que Virginia Woolf est en soi une autrice que tout le monde devrait lire (en toute objectivité), le choix de ce texte permet de comprendre la pensée d'une femme en 1928 sur la situation de ses semblables, les difficultés qui existaient alors pour vivre de son activité d'écrivaine mais surtout les échos qu'on retrouve aujourd'hui sur la place des femmes dans la société, le monde du travail ou le monde des artistes. Ce texte frais et incisif est toujours d'actualité à bien des égards et mérite pleinement votre attention !


Bonne lecture !



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