jeudi 17 septembre 2015

Voyage aux pays du cinéma, au dessus du pacifique

Douglas Coupland est un auteur canadien né en 1961. Il a plus d'une douzaine de romans traduits en français. C'est pour ainsi dire, un génie. D'humour, d'intelligence et de lucidité. En toute objectivité. Depuis Génération X en 1991, il nous offre des histoires farfelues, des personnages profondément haut en couleurs et des réflexions à leur hauteur.

Fin août sortait aux éditions du diable Vauvert La pire personne au monde, road trip halluciné de deuxanglais aux États-Unis. Raymond Gunt est un camera man raté. Il pourrait être antipathique au lecteur comme il l'est à bien des personnages mais non. Ses mésaventures sont un pur délice. Ray est une personne égoïste et égocentrique qui se laisse souvent dépasser par les événements. Mais comme il nous l'apprend dès les premières lignes, il "pense être un citoyen tout à fait convenable". Lorsque Fiona, son ex-femme, une "affreuse, affreuse, affreuse personne", lui propose un séjour au cœur du Pacifique, à filmer de jeunes gens pour une télé-réalité, il accepte après quelques réticences. Monumentale erreur ou meilleure décision de sa vie, impossible de trancher. Ayant le droit à un assistant, Ray choisi Neal, un SDF rencontré la veille. Ce dernier va vite se révéler plein de ressources et aider Ray à mener son existence.

Impossible de vous en dire plus sur leurs aventures sans gâcher le plaisir de la découverte. La pire personne au monde est un chef-d’œuvre est c'est un plaisir à chaque page. L'humour est là. Les personnages sont là. Les situations cocasses aussi. On pourrait penser que Coupland ne se réinvente pas mais c'est faux. Chaque roman est magique est celui-ci ne fat pas exception. Avec un personnage plus raté et sarcastique que jamais, il emporte la palme du rire tout en gardant sur le monde son regard caractéristique.

jeudi 10 septembre 2015

Vie(s) et mort d'une artiste

Vie et mort de Sophie Stark est un roman. Pourtant, lorsque j'ai dû interrompre (à plusieurs reprises) ma lecture, je pensais apercevoir Sophie en levant la tête. Pouvoir l'appeler et lui parler. Que ce sentiment de vivre avec les personnages d'un roman est étrange.

Vie et mort de Sophie Stark, c'est un récit à plusieurs voix.
Comme des chroniques, chacune des personnes les plus proches de la jeune femme racontent leur rencontre, un bout de vie partagé avec la jeune femme. Les ressentis et expériences qu'ont chaque personnages par rapport à Sophie ne font que grandir notre fascination pour elle. Plusieurs voies aussi. On voudrait pénétrer le cerveau de Sophie, jeune cinéaste, la comprendre enfin mais impossible puisqu'elle même ne se sait pas vraiment ce qu'elle cherche, ce qu'elle aimerait dire...

Vie et mort est un deuxième roman, une première traduction française et loin d'être la dernière, je l'espère.
L'auteure, Anna North, est une jeune femme, tout comme son héroïne, moins perturbée cependant (c'est en tout cas ce que l'on lui souhaite). Son roman aborde la condition humaine : se faire entendre lorsque l'on arrive pas à s'exprimer, sur le trouble qu'incombe l'art et le statut d'artiste. De la vie étudiante au tapis rouge, que reste-t-il de nos envies et nos certitudes ?

Entre Girls (Lena dunham) et The virgin suicide ( Jeffrey Eugenide, Sophia Coppola), Vie et mort nous 
raconte l'existence d'une femme inapte à s'exprimer comme elle le souhaite mais qui pourtant arrive (presque) toujours à ses fins avec son entourage.

Lire Vie et mort,
c'est avoir envie de connaître Sophie, et paradoxalement, avoir envie de ne jamais la rencontrer. C'est certainement un livre à lire, j'irai bien jusqu'à vous dire que c'est le livre de la rentrée mais il mérite bien plus qu'un mois d'euphorie.